Exposition présentée au domaine de Chamarande. Traces de ce que nous mangions, nous les humains.
Le Festin Retrouvé, une installation archéologique préconçue, ayant pour mission de renseigner les sociétés prochaines qui découvriront notre civilisation disparue. Nourritures fossiles dotées d'un ADN perpétuel destiné à être scanné lors d'une excavation future: irish soda bread, pane e grana, brie de meaux, poisson pané, girolles blondes, chocolate assortment, beurre doux de Normandie, jambon serrano... Ce travail vient à la suite de wild food (travail d'alerte). Malgré les nombreuses mises-en-garde des scientifiques, l'homme a continué, dans son alimentation aussi, à consommer à outrance et a précipité la disparition de l'humanité pour laisser la place à d'autres épisodes.
Installation pierre, fer, terre, verre (3 m X 2 m).
"Interrompre le cours du temps à l'aune d'une forêt, s'extraire de la présente Grande Accélération pour mieux en prendre la démesure, c'est ce à quoi nous invite le Festin retrouvé exhumé du futur par Martine Camillieri. Ces fossiles d'un buffet civilisé témoignent du legs ambivalent de notre ère, l'anthropocène. Mue par des puissances hybrides, entre nature et artefact, cette époque singulière a vu les sociétés industrielles devenir les agents d'une transformation accélérée de la Terre. Là où éruptions de volcans, alternance de glaciations et réchauffements scandaient la très longue histoire de notre biosphère, voilà que le mouvement se précipite, au point que nos interventions sont en passe de transformer le monde en une Terra Incognita, une planète-déchet perdue dans le silence de la galaxie. Dès lors, se projeter dans un paléo-futur, c'est aussi se relier à ce que les ruines auront à nous dire de notre existence actuelle : climat modifié, strates de nitrates imprimées dans l'écorce terrestre, radionucléides en suspens, continents de plastique, débris d'objets néotechniques, fûts de plutonium... Lorsque plus aucun moteur ne tournera sur Terre, des technofossiles surgiront parmi les forêts poussées sur les failles et les sites miniers, tels des épiphanies d'un temps d'exubérance, le nôtre." Agnès Sinaï, 2015
Agnès Sinaï est journaliste environnementale indépendante.
"Épuisés d'une itinérance sans fin, nous chercherons désespérément cette vaste nature qui nous était si chère. Suivant les traces encore visibles des rails de l'ancienne ligne de RER, nous arriverons là. La foulée de nos pas sur un sol asséché éveillera les restes enfouis d'odeurs et de senteurs qu'aurait su contenir la forêt protectrice. Au temps présent le Domaine de Chamarande est un grand parc comestible, fertile et abondant.
Nos sens anéantis par le grand cataclysme soudain se réveilleront. De dérives en profits nous aurons tout décimé. Sans plus d'autres repères que la forêt immense, nos regards perdus chercheront les traces d'un passé. Par les méandres empruntés, la terre soudain offrira ses entrailles d'un futur imaginé. Là sous nos pieds, vestiges d'un passé, les restes enfouis d'une cérémonie partagée. Traces hybrides de verres, poteries, ustensiles, nourritures fossilisées..."
Scène imaginaire écrite par Lina Tornare, 2015
"Les festins retrouvés. Une installation et un happening de Martine Camillieri dans la Forêt-Jardin... "Une invitation à se perdre en forêt sur les traces d'un futur archéologique comestible proposé par l'artiste... Texte d'Agnès Sinaï, journaliste environnementale et fondatrice de l'Institut Momentum. Cette exposition fait partie des Ambigus en forêt, proposés par Lina Tornare."
Élisabeth Martin, voir l'article sur Alimentation générale.
Voir aussi Hors des sentiers battus, le buffet d'ouverture de cette exposition.
"Le Festin retrouvé", ruins of the future. This work of art tells a story with an eco-citizen message: our civilisation, ignoring the warnings of scientists, has continued to consume to excess and has precipitated its demise. Here, what is preserved is "the remains of a meal" which appears to have been abruptly suspended.
Exposition collective sur la table avec Carol Descordes & Sylvain Chériau et Murielle Joubert "Trois artistes contemporaines s’approprient chacune à leur manière les sujets de la table, du repas, de la nature morte, du gaspillage, de la "mal bouffe" et les mettent en perspective. Christine Ollier a souhaité les réunir autour de la notion du "Trop et du trop peu" car elles interrogent toutes trois notre héritage culturel et traversent par leurs expressions plastiques nombre de techniques et vocabulairesartistiques : photographie, sculpture, céramique, installation et mise en scène."
Exposition Le Festin retrouvé - Domaine de Chamarande, Essonne - Commissariat Lina Tornare (2015).
Maison des Arts d’Évreux - Commissaire Christine Ollier (2022).